Moruroa 1971

En matière de nucléaire, les préoccupations militaires ne sont jamais bien loin…

• En 2016  nous avons :

– organisé une conférence-débat sur le thème « De Hiroshima à Fukushima »

– accueilli Natalia Manzourova et Nadejda Kutepova, militantes russes originaires de Kychtym, ville secrète de l’Oural tristement célèbre pour avoir été victime, en 1957 dans son usine militaire de Maïak, de la 1^ere grande catastrophe nucléaire mondiale.
Voir : De Kychtym à Tchernobyl, les catastrophes continuent

– soutenu les projections de Bons baisers de Moruroa de Larbi Benchiha

– assisté avec un grand intérêt à la représentation de la pièce de théâtre L’Expérience  organisée par le Mouvement de la Paix rennais, et noué des contacts amicaux avec l’acteur-metteur en scène Joël Cudennec

• Et si nous commencions 2017  par une citation historique, histoire de s’instruire en se « distrayant… » en attendant nos prochaines initiatives ?

« Qui a le droit d’oublier ce que la première pile atomique permit, le 15 décembre 1948, d’annoncer aux peuples ?
Que, distancée dans le domaine des armes propres à inspirer la terreur, la France retrouvait sa place en tant que puissance bienfaisante, en tant que spécialiste de l’espoir. »

Qui a prononcé ces mots :

– un ministre de la IV^e République en 1958 ?
– Pierre Messmer en lançant son plan « tout nucléaire » en 1974 ?
– François Hollande dans ses vœux à la nation le 31 décembre 2016 ?

Était-ce dans le cadre d’un hommage à :

– la petite Zoé ?
– Frédéric et Irène ?
– Bernard Cazeneuve, le sous-marin nucléaire d’Areva dans les gouvernements successifs Ayrault, Valls, et… Cazeneuve ?

Réponse dans cet article du Télégramme du 20 août 1958 :

Ainsi donc le ministre de l’Éducation Nationale de cette VI^e république finissante associe, dans un même hommage, nos héros nationaux Pierre et Marie Curie, Irène et Frédéric Joliot-Curie, et la petite « Zoé », première pile atomique française construite et mise en service le 15 décembre 1948 par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) alors dirigé par Frédéric Joliot-Curie.

Ce que le ministre ne dit pas :

– La finalité de cette pile « de recherche » était de produire les premiers grammes de plutonium français. Mais qui convaincra-t-on de la destination exclusivement pacifique de cette recherche ? Le programme civil français ne sera véritablement lancé que bien des années plus tard ; en attendant des tonnes de plutonium se sont accumulées sans qu’on sache quoi en faire.

– En 1939, Frédéric Joliot-Curie fut à l’origine, avec son équipe de chercheurs, du premier brevet de la bombe atomique. En 1945 il participa à la fondation du CEA voulu par le général de Gaulle, et en prit la direction jusqu’en 1950, date à laquelle il fut révoqué pour avoir signé l’ « Appel de Stockholm » qui exigeait l’interdiction absolue de l’arme atomique.

– Tandis que le ministre faisait l’éloge d’une France nucléaire « bienfaisante spécialiste de l’espoir », les chercheurs du CEA s’employaient activement à mettre au point les premières bombes atomiques « made in France ». Made in France, certes, mais testées dans des territoires français si possible très lointains, c’est bien utile, les colonies…!

En février 1960, soit à peine 18 mois après le vibrant hommage à Zoé et à la famille Joliot-Curie, la France « bienfaisante » procédait au premier essai atomique de son histoire, à Reggane, en plein Sahara algérien… encore français, territoire prétendument désertique où vivait pourtant paisiblement, dans un environnement certes pauvre mais sain, une population algérienne nombreuse.

Ce 1^er  tir sera suivi de 3 autres tirs aériens, puis, ceux-ci étant jugés, un peu tard, trop dangereux, de 13 tirs souterrains à In Ekker dans le Hoggar.

La suite de l’histoire des essais atomiques français s’écrit en Polynésie… française : 193 tirs aériens et sous-marins laisseront, comme en Algérie, les atolls de Moruroa et Fangataufa dévastés, et les populations locales malades pour de nombreuses générations à venir. Les militaires, appelés, et personnels civils envoyés sur place, paieront également chèrement l’expression de la grandeur de la « France bienfaisante ». Ceux qui sont encore vivants continuent d’en attendre la reconnaissance, à défaut de recevoir les indemnisations que la justice s’obstine à leur refuser.

L’histoire du nucléaire – civil et militaire – est peuplée de ces hommes et de ces femmes qui ont été sacrifiés pour des causes qui ne le méritaient pas.

Au cours de l’année 2016, à Rennes, nous avons eu l’opportunité d’assister à plusieurs témoignages de ces exactions commises au nom du peuple français.

• Que les lecteurs de cette tribune n’hésitent pas à contacter notre association pour organiser de nouvelles projections de films,  représentations théâtrales ou soirées-débats, afin de continuer de dénoncer le sort fait aux victimes de la folie des grandeurs et du cynisme de nos dirigeants politiques.

Nous ne leur rendrons ni la santé, ni la vie. Au moins ne les oublions pas.
RF

⇒ BOMBES & ESSAIS ATOMIQUES, voici pour approfondir :

 

 

On trouvera un bon résumé  historique  ICI sur le site de nos amis de SDN-Trégor

 

 

 

Les vétérans du nucléaire s’organisent :   

– Association des vétérans des essais nucléaires

– Le site des archives sur les expérimentations nucléaires Françaises en Polynésie

BD :

Au nom de la bombe, Histoires secrètes des essais atomiques français
Drandov & Alarcon – Ed.Delcourt  2010
Les auteurs racontent la face cachée de la grandeur atomique française.

FILMS :

– « Bons baisers de Moruroa » (2016), « L’Algérie, de Gaulle et la bombe » (2010),
et  « Vent de sable » (2008).
Voir informations sur les films de Larbi Benchiha  ICI

–  « Gerboise bleue » de Djamel Ouahab (2009)

–  Vive la Bombe  Film-fiction de Jean-Pierre Sinapi  (2006)
(mai 1962 en Algérie : l’essai « non contrôlé » de Béryl)

Documentaires TV & INA :

La France, le président et la bombe  –  mars 2016  –  émission Le monde en face
sur  France5. (Paul Quilès y dénonce  ″l’enfumage″ qui règne sur le nucléaire, et le déni de démocratie qui existe dans notre pays.)

Mururoa : irradiés pour la France  –  février  2016  –  émission C dans l’air 
sur  France5  + la video
Avec Jean-Luc Sans, président de l’AVEN (association des vétérans des essais nuc.)

Les essais nucléaires en Polynésie – archives INA mars 2015

Algérie : Secret des essais nucléaires…
L’écrivain Bertrand Leclair évoque ICI les conséquences tragiques des premiers essais nucléaires français dans le grand sud algérien (durée vidéo 10 min.)
Ce chapitre historique peu connu constitue le sujet central de son roman Une guerre sans fin (2008).

THÉÂTRE :

L’Expérience de et par  Joël Cudennec. Production du Théâtre de l’Ouverture.
D’après le roman éponyme de Christophe Bataille
Le spectacle raconte la vie d’un appelé qui servit de « cobaye » pour les expériences nucléaires atmosphériques dans le Sahara. (« Gerboise verte » Reggane 1961)

⇒ Vidéo et mise en scène Dominique Dieterlé

LECTURES :

In Ekker, le scandale des essais nucléaires continue
Par la journaliste algérienne Lamia Tagzout  dans El Watan – février 2012

Les irradiés de Béryl , L’essai nucléaire français non contrôlé  par Louis Bulidon – 2011
Ecouter Louis Bulidon, invité de l’émission La marche de l’histoire sur France Inter le 25 octobre 2013 (30min)

Arrêtez la bombe !  Paul Quilès (2013)  Un ancien ministre de la défense contre l’arme nucléaire. Avec Bernard Norlain et Jean-Marie Collin

Nucléaire, un mensonge français  Paul Quilès (2012)    Réflexions sur le désarmement nucléaire

Les irradiés de la République  Bruno Barillot  Ed.Complexe (2003)

Affaires atomiques  Dominique Lorentz  Ed.Les arènes (2001)

La France et l’atome. Études d’histoire nucléaire  Maurice Vaïsse  Ed.Bruylant (1994)

Vidéo-montage :

58 années et 2053 explosions nucléaires planétaires résumées dans l’original vidéo-montage de 14 minutes de l’artiste japonais Isao HASHIMOTO.
Pédagogique et Impressionnant.

A Time-Lapse Map of Every Nuclear Explosion Since 1945 in 14’25 »

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